A Rio, Bahia ou Sao Paulo, les reines de beauté du Carnaval, célébré dans tout le Brésil, arborent avec fierté des poitrines toutes plus généreuses les unes que les autres, sans chercher à cacher qu'elles ont bénéficié de l'aide d'un chirurgien et d'une bonne dose de silicone.
Sans se faire prier, les reines du Carnaval avouent à la presse les secrets de leurs formes avantageuses. "Moi je n'en ai que 220 millilitres", a précisé à propos de la quantité de silicone introduit dans sa poitrine, la reine de l'école de samba Mancha Verde de Sao Paulo, Viviane Araujo, citée par le journal Folha de Sao Paulo.
Implants mammaires ou fessiers, les prothèses de silicone peuvent coûter de 3.500 à 5.000 dollars, auxquelles il convient d'ajouter bon nombre d'autres modifications.
La chanteuse Ivete Sangalo a été proclamée cette année reine du carnaval de Salvador de Bahia non seulement pour ses talents musicaux, mais aussi pour les seins énormes qu'elle a exhibés, grimpée sur la sono de son école de samba. Sangalo, 34 ans, est l'une des interprètes les plus populaires du moment au Brésil: elle a raconté à la revue Isto é Gente, s'être fait récemment implanter 200 millilitres de silicone.
Les défilés de Rio et Sao Paulo, retransmis par les télévisions nationales et qui ont déjà rassemblé plus de 70.000 personnes cette année, ont consacré le succès de ces silhouettes pourtant très éloignées du physique brésilien traditionnel: de petits seins et un fessier plantureux.
"Les seins +siliconés+ sont devenu un accessoire indispensable du carnaval", a commenté Folha en soulignant le nombre élevé de participantes des défilés munies de prothèses.
Le carnaval de Cologne, le plus connu d'Allemagne, n'a pas raté l'occasion de moquer les deux favoris de la présidentielle française, au cours du défilé du "Rosenmontag" qui a rassemblé quelque 1,2 million de fêtards dans les rues de la ville.
Sur l'un des 99 chars, les "carnavaleux" ont pu admirer Ségolène Royal, candidate socialiste à l'élection présidentielle en France, sous la forme d'une poule agressive et seins à l'air, affrontant sur un ring de boxe le candidat de la droite, Nicolas Sarkozy, parodié sous la forme d'un coq gaulois.
Le défilé, qui marque traditionnellement l'apogée du carnaval avant le Mardi Gras et le Mercredi des Cendres, n'a pas manqué d'égratigner aussi la chancelière Angela Merkel et sa politique de réformes.
Un véhicule fustige aussi les grands patrons, arborant chapeau melon et cigares, et distribuant des lettres de licenciement alors qu'ils siègent sur des coffres-forts pleins.
Plus surprenant, un char vante la beauté "nature" des femmes allemandes face aux canons imposés aux top models. Il figure une jeune femme osseuse et imberbe, aux côtés d'une "belle" de Cologne, aux formes opulentes et aux mollets poilus, qui écrase impitoyablement un rasoir sous son talon.
Afin d'être aux premières loges, les "carnavaleux" en costumes bariolés s'étaient massés dès le début de matinée dans les rues, guère rebutés par le ciel uniformément gris.
Très prévoyant, un groupe de quinquagénaires a installé son propre petit bar sur le trottoir, au pied du bureau où ils travaillent habituellement et qui a fermé ses portes comme l'écrasante majorité des entreprises locales.
Parmi eux, la sémillante Ilse, couverte de paillettes et coiffée de plumes, s'exclame : "Je ne raterais le défilé pour rien au monde ! L'atmosphère est si conviviale, si détendue", s'extasie-t-elle, un verre de Kölsch, la bière blonde locale, à la main.
"Il faut venir au carnaval pour se rendre compte que nous, les Allemands, nous sommes aussi très accueillants", renchérit un jeune homme coiffé d'un casque en cuir et de lunettes d'aviateur.
Avant de clamer "Alaaf", cri de ralliement des "Jecke" ("carnavaleux" de Cologne) et de reprendre en choeur l'une des rengaines de carnaval crachée par les haut-parleurs : "le Bon Dieu sait que je ne suis pas un ange, qu'il se cache en moi un petit démon".
Avec force boîte à rythme et accordéon, ces chansonnettes, souvent en dialecte, exaltent la fête et l'amour, de manière plus ou moins grivoise.
Une musique propice pour le "Schunkeln" comme on dit en patois à Cologne : interrogée sur le sens du mot, une femme déguisée en abeille se contente de vous attraper vigoureusement par le bras, avant de se mettre à osciller gaiement de droite à gauche, en rythme.
A l'arrivée des chars, les enfants se massent au premier rang, munis de paniers et de sachets pour récolter un peu des 150 tonnes de friandises jetées du haut des voitures.
Un peu en retrait, un groupe de jeunes gens a choisi l'un des déguisements les plus en vogue : blouses blanches, arborant l'inscription "Love Doctor" suivie d'un numéro de téléphone, et stéthoscopes. "C'est pour ausculter les filles", rigole Eike, 27 ans, grande habituée du carnaval.
Autres grandes tendances de l'année : les costumes de vaches, qui ont le mérite de tenir chaud dans le vent glacial, l'habit de religieuse, porté par les deux sexes, et tout l'attirail du supporter de foot, en souvenir du Mondial de football de l'été 2006.
Jusqu'aux policiers qui arborent de petits coeurs sur les joues, visiblement tracés au rouge à lèvres.