Natascha Kampusch, dont l'évasion après huit ans de captivité a fait sensation, s'exprimera dans sa première interview, diffusée mercredi soir par la radio-télévision autrichienne ORF, en conciliant plusieurs exigences: récupérer de son calvaire, informer l'opinion et s'assurer des revenus médiatiques.
L'ORF a indiqué qu'elle ne payerait rien pour cette exclusivité, mais que que l'interview serait ensuite reprise par d'autres télévisions, par exemple RTL jeudi, pour des sommes non précisées.
L'entretien pré-enregistré avec la jeune femme de 18 ans sera diffusé à 20h15 locales (18h15 GMT) à la télévision, à la radio et sur le site internet
www.orf.at, selon un communiqué de l'ORF.
Sa diffusion sera suivie d'un débat avec les parents et deux conseillers de Natascha Kampusch, le psychiatre Max Friedrich et la spécialiste de l'enfance Monika Pinterits.
Le visage de Mlle Kampusch sera masqué "afin qu'on ne puisse pas la reconnaître dans la rue", et des interviews seront aussi publiées par le quotidien Kronen-Zeitung et le magazine News, selon l'agent de communication de Mlle Kampusch, Dietmar Ecker.
Ces journaux autrichiens paraissent mercredi soir, vers 18h00 (16h00 GMT) pour la première édition de News, a indiqué la rédaction en chef de l'hebdomadaire, sans vouloir préciser le montant des honoraires versés à Mlle Kampusch.
L'interview sur ORF sera menée par un journaliste de la chaîne, Christoph Feurstein, spécialiste de l'affaire Kampusch depuis l'enlèvement en 1998 et qui garde de bons contacts avec ses parents. Il avait obtenu la seule interview télévisée de la mère de Natascha, Brigitta Serny, peu après l'évasion de la jeune fille le 23 août d'une maison de Strasshof, au nord de Vienne.
Mlle Kampusch reste isolée avec ses thérapeutes et songe à changer de nom plus tard afin de se protéger, selon les enquêteurs.
Alexander Wrabetz, directeur commercial et président élu de l'ORF, a déclaré que la chaîne "ne payerait rien pour cette interview". "Au regard des circonstances particulières de l'affaire, l'ORF a décidé de prendre en charge, sans honoraires, la distribution internationale de l'interview et de transmettre tous les revenus à Mlle Kampusch", a-t-il ajouté.
De grosses sommes d'argent ont été proposées pour des rencontres avec Natascha, dont aucune photo récente n'a été diffusée à ce jour, selon le journal Kurier, qui mentionne des offres de plusieurs centaines de milliers d'euros de la part de médias britanniques.
Dietmar Ecker a reconnu les tensions existant entre l'intérêt du public, les énormes pressions des médias, le besoin de garantir des revenus financiers à la jeune femme - actuellement démunie - et la nécessité que Natascha ne souffre pas.
Celle-ci avait demandé il y a une semaine à la presse de préserver son "intimité", notamment ses rapports privés avec son ravisseur, Wolfgang Priklopil, 44 ans, qui s'est suicidé le soir même de sa fuite.
Face à "l'énorme intérêt médiatique dans le monde, la première réaction de Mlle Natascha Kampusch a été de se protéger d'un harcèlement incontrôlé des médias", selon le communiqué de M. Ecker sur le site internet de son agence.
"C'est cependant son désir exprès d'informer elle-même l'opinion", mais il a fallu trouver une "stratégie médiatique" permettant de concilier notamment "son état de santé", "sa capacité à répondre à ces exigences", "ses perspectives d'avenir et sa position sociale" et "surtout sa vie après la vogue médiatique".
Un porte-parole de la police judiciaire (BKA), Helmut Greiner, a indiqué lundi à l'AFP que Mlle Kampusch, à nouveau entendue ce jour par les enquêteurs, avait accepté de "voir sa mère, pour la seconde fois depuis sa libération, dimanche hors de la présence de policiers".